La loi n° 95-125 du 8 février 1995 et le décret n° 96-652 du 22 juillet 1996 ont introduit la médiation judiciaire dans le Code de Procédure Civile (CPC art. 131-1 et suiv.) :
« Le juge, saisi d'un litige peut, après avoir recueilli l'accord des parties, désigner une tierce personne afin d'entendre les parties et de confronter leurs points de vue pour leur permettre de trouver une solution au conflit qui les oppose. »
On se référera aussi au Bulletin d'information spécial de la Cour de cassation consacré à la médiation judiciaire.
L'ordonnance du 16 novembre 2011 a transposé en droit français la Directive européenne du 21 mai 2008 et contient aussi certaines dispositions relatives à la médiation conventionnelle. Voir aussi en commentaire l'exposé fait au congrès de la FENAMEF, le 19 octobre 2011 à Caen, par Hélène ABELSON-GEBHARDT. L'ordonnance du 16 novembre 2011 a été complétée par le Décret d'application 2012-66 du 20 janvier 2012.
Pour ce qui concerne plus spécifiquement la médiation familiale :
La loi n° 2002-305 du 4 mars 2002 relative à l'autorité parentale consacre la médiation familiale et insère dans le Code civil un nouvel article (373-2-10) disposant que :
« (…) À effet de faciliter la recherche par les parents d'un exercice consensuel de l'autorité parentale, le juge peut leur proposer une mesure de médiation et, après avoir recueilli leur accord, désigner un Médiateur familial pour y procéder. Il peut leur enjoindre de rencontrer un Médiateur familial qui les informera sur l'objet et le déroulement de cette mesure. »
Dans la loi 2004-439 du 26 mai 2004 et le Décret 2004-1158 du 29 octobre 2004 portant réforme du divorce, la médiation familiale est rappelée comme orientation possible pour toutes les questions visant l'intérêt de l'enfant (article 12).
Un Diplôme d'État de Médiateur familial a été institué par le Décret 2003-1166 du 2 décembre 2003, complété par un Arrêté du 12 février 2004 et une Circulaire DGAS du 30 juillet 2004.
Cet institut est né de différentes rencontres internationales auxquelles ont participé des professeurs d'université, des magistrats, des avocats et des praticiens de la médiation.
À Verviers (Belgique) tout d'abord, lorsqu'en avril 2010 les premières rencontres questionnaient la culture et les lacunes du fonctionnement de l'institution judiciaire.
À Sant Angiolino (Italie) ensuite, lorsqu'en juillet 2010, les secondes rencontres ont exploré les tréfonds du sentiment de justice ou encore de la médiation.
À Milan enfin, lorsqu'en avril 2011, les troisièmes rencontres ont répondu à la question : « Qu'est-ce que être médiateur ? Et surtout, comment être un bon médiateur ? »
C'est à Pouilly, au Château des Granges, en septembre 2011, qu'il est apparu souhaitable d'institutionnaliser la réflexion commune à cette cinquantaine de participants, sous la forme d'une fondation internationale de droit belge, l'IMEF.
Les rencontres du Québec, en août 2012, ont concrétisé la volonté d'agir de l'IMEF par une formation, notamment, à la médiation organisationnelle et à la justice participative (Université de Sherbrooke, HEC Montréal, Université de Montréal, Université Laval,…) et une rencontre avec des médiateurs de terrain, des juges, des professeurs d'université.
Notre Institut de la Médiation dans l'Espace Francophone veut offrir aux praticiens de la médiation un centre francophone de ressources. La première finalité sera basée sur l'ouverture des formateurs et des praticiens de la médiation à de plus larges représentations conceptuelles, à des pédagogies contribuant à promouvoir une justice organisationnelle et participative prenant en compte les besoins les plus essentiels, de nature étique : respect, reconnaissance, autonomie et responsabilisation.
L'IMEF se propose également de rechercher des tiers financeurs pour les prestations de médiateurs et de formateurs, de veiller à ce que tous ces projets se standardisent en intégrant des ressources externes sans se limiter aux seuls viviers nationaux et, enfin, d'obtenir que soient prises, par les autorités tant nationales qu'internationales, les mesures réglementaires aptes à consolider le crédit des médiateurs.
Les premières initiatives communes aux associations représentatives de la diversité des formes de médiation datent de 2008 avec l'écriture du Code de déontologie du médiateur, officiellement présenté en février 2009. Ce fut un véritable acte fondateur d'un mouvement de collaboration autour des principes partagés de la médiation. La tenue du « Forum ouvert » sur la professionnalisation en février 2011 a nécessité un profond travail de cohésion et produit des conclusions, construites à partir des expériences terrain et toujours d'actualité, présentant les conditions garantissant une médiation professionnelle. Ce Forum fut le déclencheur d'un élan authentique vers une mutualisation des échanges.
La Plateforme de la Médiation Française est donc née de l'intérêt porté par les associations de se réunir afin de mener ensemble des projets communs permettant de développer la médiation en France.
Dans cet esprit, elle s'est constituée de manière informelle et innovante sous la forme d'une convention passée entre tous ses membres, convention respectueuse de l'indépendance de chacun.
Les organisations – Association Nationale des Médiateurs (ANM), Centre de Médiation et d'Arbitrage de Paris (CMAP), le Club des Médiateurs de Services au Public, la Fédération Nationale des Centres de Médiation (FNCM), la Fédération Nationale de la Médiation et des Espaces Familiaux (FENAMEF), France-Médiation et l'Institut d'Expertise, d'Arbitrage et de Médiation (IEAM) – ont signé officiellement leur convention en septembre 2012.
Conformément aux objectifs qu'elles se sont fixés :
Le premier chantier a porté travaillé sur l'accès à la médiation. Le deuxième sur la qualité en médiation.
Puis au cours de l'année 2014, la Plateforme a rencontré des autorités qualifiées et porté sa parole commune auprès des institutions œuvrant, notamment, dans le cadre de la transposition de la directive européenne du 21 mai 2013 relative la consommation et du comité de pilotage organisé par le Ministère de la Justice dans le cadre de la « Justice du XXIe siècle ».
Aujourd'hui, afin de renforcer son autorité, la Plateforme envisage de se doter d'une personnalité juridique apte à effectuer quelques réalisations collaboratives indispensables tout en maintenant la souplesse inhérente à la médiation ainsi que l'indépendance des associations participantes. Cela devrait avoir pour effet de la doter ponctuellement de moyens lui permettant d'assurer son quatrième objectif : des actions de communication à commencer par la création d'un site.
Il est maintenant tout à fait nécessaire de donner de la visibilité à cette expérience innovante qu'est la Plateforme, témoignage de la possibilité qu'ont les médiateurs de pouvoir se rassembler pour agir sur l'intérêt du bon usage de la médiation basée sur un élément commun : la déontologie propre à la médiation !
La société a besoin de la médiation. La médiation, pour se faire connaître comme « objet » de changement culturel, doit se présenter unie. L'image cohérente de professionnels capables de parler ensemble pour porter la médiation dans sa diversité est pertinente et créatrice de confiance.
La Plateforme de la Médiation Française évolue pour répondre à l'urgence du besoin sociétal de médiation ! Il est urgent de la faire connaître !
La Présidente, Gabrielle Planès
Le Service Social International vient de compléter un vaste programme autour de la pratique de la médiation familiale internationale initié en 2010 et s'apprête à entamer un projet de suivi avec la création d'un réseau professionnel mondial de médiateurs spécialisés en conflits familiaux transfrontières.
La médiation familiale internationale est encouragée par les organisations étatiques comme l'Union Européenne ou la Conférence de La Haye de droit international privé pour résoudre, par exemple, les séparations parentales qui entraînent le déménagement d'une partie de la famille à l'étranger et les situations d'enlèvements parentaux d'enfants.
Le programme du SSI, depuis 2010, cherche à faciliter le recours à la médiation pour les familles confrontées à de telles situations et à promouvoir la pratique auprès des autorités administratives et juridiques impliquées dans ces litiges.
« Les procédures étaient complexes et longues, avec beaucoup de va-et-vient entre les deux pays. [...] Nous avons choisi d'aller en médiation pour tenter d'accélérer les choses. Là, nous avons réalisé que nous pouvions parler de tout et régler des questions qui allaient de toute façon surgir plus tard [...] par exemple, comment organiser au mieux les vacances à 4'000 km de distance. »
- Une mère et un père
Si les médiations familiales internationales sont encore rares (en comparaison au recours interne à la médiation), les témoignages des parents ayant trouvé un accord qu'ils ont pu homologuer dans les deux juridictions sont en revanche très positifs. La médiation familiale internationale a, en effet, le pouvoir de construire des passerelles entre deux juridictions ou même de résoudre un conflit de décisions judiciaires contradictoires ; et ceci entre des régions géographiquement éloignées et mettant en jeu des cultures familiales et du droit très différentes. Ainsi, dans le contexte international, la médiation a le pouvoir de relever un grand défi auquel la voie juridique seule peine à répondre ; néanmoins, pour que le recours par les familles soit effectif, et que les administrations et les juges aiguillent de manière renforcée vers la médiation, il faut un cadre qui garantisse la compétence des médiateurs, qui professionnalise la pratique en ligne et à distance, et qui sensibilise tous les acteurs impliqués dans ces conflits.
Le SSI a coordonné la rédaction de la Charte relative aux processus de médiation familiale internationale dans le cadre d'un Processus Collaboratif fédérant une soixantaine de médiateurs de tous les continents et toutes les structures spécialisées en médiation familiale internationale. Une série de Recommandations à l'adresse des autorités administratives et juridiques l'accompagnent, le but étant de les sensibiliser à cet instrument et de renforcer la coopération entre celles-ci et les médiateurs dans chaque pays. Les principes clés présentés devant être rigoureusement respectés, la Charte régule désormais la conduite de médiations transfrontières tout en maintenant la richesse des différentes pratiques et cultures de médiation familiale dans le monde.
Un guide multilingue facile d'utilisation, illustré de témoignages et a adapté au format Web informe les familles binationales, migrantes et expatriées du monde entier sur les bénéfices qu'elles peuvent tirer d'une médiation pour gérer des conflits familiaux à caractère international et multiculturel. Le site met en relief la complexité juridique de ces situations et oriente les parents pris dans des conflits relatifs au droit de garde et de visite, ou encore à l'enlèvement d'un enfant, sur les démarches à entreprendre pour trouver des médiateurs spécialisés ; en effet les enjeux d'une séparation familiale pour maintenir une relation entre les enfants et leurs deux parents par-delà les frontières sont nombreux.
« Après quelques semaines, je suis rentré avec mon fils. Ma femme refusait de me laisser seul avec lui. C'est pendant la médiation que j'ai pu lui faire comprendre que je me souciais de son bien-être et que je voulais qu'il ait deux parents. »
– Un père
Le guide est placé sur un site www.ifm-mfi.org qui sert aussi d'outil aux professionnels – juristes, psychologues, travailleurs sociaux – qui accompagnent les familles et pourront renseigner celles-ci sur comment se déroule une médiation, comment s'y préparer, comment elle est articulée avec la loi, et qu'est ce qui peut figurer dans un accord de médiation. Une section sur les enlèvements d'enfants sensibilise à l'impact psychologique d'un tel évènement sur tous les membres de la famille et de nombreux témoignages soulignent les bénéfices et les limites de ce mode de résolution de conflits.
« Je sentais que ma femme voulait partir avec les enfants. C'est en médiation qu'elle a pris conscience des conséquences judiciaires que pouvait avoir un départ précipité. »
– Un père
Finalement, un répertoire par pays aiguille familles et professionnels vers les guichets de soutien aux familles et les permanences téléphoniques dans chaque pays.
Pour plus d'informations sur ces divers points, visitez notre site.
Le groupe international de médiateurs ayant rédigé la Charte a récemment, lors d'une rencontre professionnelle à Genève, discuté de standards de compétence pour les médiateurs familiaux internationaux et de la pertinence d'un réseau professionnel mondial. La plénière de clôture a décidé de la mise en place d'un comité de pilotage et d'un plan d'action de 12 mois en vue de la création d'un tel réseau. Les travaux consisteront à élaborer les termes de référence, des critères de qualification pour les professionnels et des partenariats institutionnels. Ils ouvrent la voie à un réseau opérationnel et fiable de médiateurs qualifiés et reconnus. L'accès à ces professionnels, tant pour les familles que les autorités administratives et juridiques, se fera par le biais d'une plateforme centralisée.
Convaincu des bénéfices d'une approche participative, l'objectif du SSI est d'établir à terme, un système d'accréditation ou de certification qui garantisse la compétence des médiateurs tout en développant l'accès à la formation pour rester inclusif à l'égard des pays où la médiation familiale n'est pas encore institutionnalisée.
Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à nous contacter : mediation(at)iss-ssi.org, ou de visiter notre page ou de nous appeler : +41 22 906 77 00.
Cilgia Caratsch, Coordinatrice Unité Médiation, Service Social International Genève